Passer de la danse à la floriculture : tout un grand écart professionnel pour Julia Janson, la fondatrice des Jardins de la Renarde. Immigrante au parcours atypique, cette jeune entrepreneure exerce aujourd’hui sa fibre artistique en composant des bouquets de fleurs qu’elle a patiemment cultivées sur une parcelle des Cantons-de-l’Est.
Julia, fondatrice des Jardins de la Renarde | © photo: Saphir optimiste
Julia, fondatrice des Jardins de la Renarde | Ferme floricole écologique dans les Cantons-de-l’Est
Julia Janson s’est produite en France, son pays d’origine, puis au Québec, où elle a choisi de s’installer. Mais au tournant de la trentaine, une blessure a mis un terme brutal à sa carrière de danseuse professionnelle. « À ce moment-là, je me suis demandé ce que j’allais faire de ma vie », se souvient-elle.
Une nouvelle vocation pleine de sens
Après une période de tests et de réflexion, la jeune femme trouve un début de réponse dans le travail de la terre. Les expériences se succèdent, pour aboutir à la Ferme des Quatre-Temps et son kiosque de vente au marché Jean-Talon.
« Ça m’a donné envie de suivre leur formation pour les futurs maraichers et maraichères, où l’on passe deux ans sur une ferme. Le but, c’est de former la relève de l’agriculture biologique, avec Jean-Martin Fortier1 comme mentor. C’est là-bas que je me suis découvert cette passion pour les fleurs et que j’ai décidé de me spécialiser en floriculture », raconte-t-elle.
Cette nouvelle passion se révèle être une occasion pour Julia de renouer avec sa créativité, mais aussi de prendre conscience des dessous d’une industrie mondialisée.
« La plupart des gens ne savent pas que la majorité des fleurs qu’ils achètent ont voyagé en avion, qu’elles viennent souvent de partout sauf du Québec, et qu’elles sont produites dans des serres immenses avec beaucoup de pesticides. Je me suis dit qu’il y avait un travail d’éducation à faire, explique-t-elle.
En fait, nous ne sommes qu’une centaine de fermes florales au Québec. C’est une industrie encore nichée et méconnue, mais en grand développement. Tout ça m’a donné le goût de me bouger pour faire quelque chose! »
De cet élan est née l’idée des Jardins de la Renarde : une ferme florale écologique, où le consommateur sait réellement ce qu’il achète.
« Au Québec, comme ailleurs, les gens font de plus en plus attention à ce qu’ils mangent, ou à ce qu’ils mettent sur leur peau. Mais pour les fleurs, ce n’est pas encore le cas et je veux contribuer à changer ça! », poursuit-elle.
Cultiver la persévérance
Son projet bien défini, Julia part en quête d’une terre où le réaliser. « Je m’étais inscrite sur le réseau L’arterre, qui met en relation des aspirants et aspirantes maraichères avec des gens, soit pour acheter des terres, soit pour faire un transfert d’entreprise ou louer. Mais comme je n’avais pas encore le statut de résidente permanente, c’était très compliqué pour moi d’avoir accès à un terrain, poursuit-elle. Finalement, j’ai réussi à intégrer l’incubateur de MontréalCulteurs, un organisme de maillage en agriculture urbaine, pour tester mon idée d’affaires. »
C’est donc sur les toits de Montréal que Julia fera sa première récolte, jusqu’à ce qu’une opportunité de déménager à la campagne se présente. « J’ai des amis qui sont propriétaires dans les Cantons-de-l’Est et qui m’ont proposé de leur louer une parcelle, et on s’est associé de façon collaborative. En fait, j’ai toujours rêvé d’avoir ma petite terre, d’être en région et de vendre en ville pour établir une connexion », confie-t-elle.
Trouver le bon partenaire financier
Après une première année d’exploitation réussie sur ses propres deniers, Julia sent qu’elle a besoin de financement pour grandir. Mais pas d’un montant astronomique, et pas à n’importe quel prix.
« Je ne voulais pas me faire financer par une banque ou un organisme qui ne soit pas aligné avec mes valeurs en tant que femme, immigrée et membre de la communauté LGBTQ. C’est PME Montréal qui m’a orientée vers Microcrédit Montréal parce que le fit était évident, et parce qu’ils proposent l’accompagnement très humain que je recherchais », précise-t-elle.
Quelques appels et plusieurs rencontres plus tard, Julia décrochera son micro-prêt de 5000 $. Son objectif? Constituer un premier fonds de roulement et donner un coup d’accélérateur à sa production. « J’avais des besoins très précis : du matériel de communication pour me faire connaitre, et surtout plus de semences et plus de bulbes. L’an passé par exemple, j’avais planté 500 bulbes de tulipes et cette année, j’en ai planté 2000! Sans l’aide de Microcrédit, ça n’aurait pas été possible », soutient-elle.
Au-delà du financement, la jeune entrepreneure trouvera du soutien chez Microcrédit Montréal. « J’ai aussi participé à des formations. Ça fait qu’on ne se sent pas juste dépendant d’un prêt qu’on rembourse chaque mois sans avoir de suivi. On croit dans ton projet et dans ta personne, ajoute-t-elle. C’est leur équipe de femmes engagées qui rend les choses moins effrayantes. Je sais aussi que si j’ai une question, un problème, je peux écrire à quelqu’un qui va me répondre rapidement. »
Des perspectives florissantes
Quand nous rencontrons Julia pour cette entrevue à la veille du temps des Fêtes 2023, elle place beaucoup d’espoir dans sa production à venir. « L’investissement qui a été mis par Microcrédit Montréal au moment opportun va me permettre d’avoir des retombées quand la saison va démarrer. Pour moi, ça signifie surtout plus de stabilité et de la croissance », affirme-t-elle.
Vous pouvez retrouver Julia en saison, au Marché Atwater, tous les mercredis. Elle offre aussi un système d’abonnement pour recevoir des bouquets chaque semaine en point de chute à Montréal et Stanbridge East. « Comme pour les paniers de fruits et légumes, j’essaye d’introduire cette pratique dans la culture populaire. C’est une bonne façon de soutenir une production locale et de s’engager! », conclut-elle.
Comme Julia, vous souhaitez profiter de l’aide financière et de l’accompagnement de Microcrédit Montréal pour réaliser vos projets d’affaires?