Restauratrice puis cheffe en restauration collective dans le milieu de la santé, Lorraine Abeng a choisi l’entrepreneuriat pour exprimer sa passion pour une cuisine de qualité, qui réconforte le corps et l’esprit. Le coup de pouce de Microcrédit Montréal l’a encouragée à faire ses premiers pas dans la distribution de ses produits.
Les Saveurs de Lorraine | Lorraine Abeng
Les Saveurs de Lorraine | Mieux nourrir notre monde
Lorraine Abeng a fait de la tourtière sa marque de commerce. Un choix qui peut surprendre pour cette Camerounaise d’origine, arrivée au Québec il y a près de 25 ans. « J’ai appris à faire la tourtière ici et j’ai peaufiné ma recette avec les retours de mes clients! Tout est dans l’équilibre de l’assaisonnement et dans la pâte qui reste ferme! », lance-t-elle d’emblée.
De la gastronomie à la nutrition des personnes vulnérables
Son plat signature, cette cheffe passionnée l’a d’abord servi dans son restaurant montréalais avant de le mettre au menu de la maison d’hébergement de la Société canadienne du cancer en 2008. « On m’a appelée pour restructurer et améliorer la qualité du service alimentaire. Au départ, j’avais une petite appréhension, car j’avais toujours fait du commercial jusque-là, et je ne connaissais rien au milieu de la santé », raconte-t-elle.
Lorraine relève ce défi avec brio, mais se confronte très vite à des enjeux comme la dysphagie de certain·e·s client·e·s ou leur perte d’appétit. « Avec les traitements, tout goûte le fer », résume-t-elle.
Déterminée à mieux nourrir ses client·e·s, la cheffe se rapproche d’une nutritionniste en oncologie de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont pour modifier ses recettes et revoir ses approvisionnements. « J’avais beaucoup de questions sur la nutrition des personnes malades. Elle m’a notamment appris qu’il y avait une grande quantité de sulfites dans les fonds de sauce industriels qu’on utilisait, ce qui est très mauvais pour elles. Il fallait proscrire tout ça et passer à une cuisine faite maison. »
Cette expérience marquante dans le milieu de la santé s’arrêtera brutalement en 2013 avec un accident de travail malheureux, remettant en question ses capacités physiques à travailler en cuisine. Malgré ce coup dur, Lorraine trouve tout de même l’énergie de se reconvertir. « J’ai d’abord ouvert une agence de placement de personnel d’hygiène et de cuisine pour les établissements pour aînés », explique-t-elle.
Les clients sont au rendez-vous, mais le manque de personnel disponible et des délais de paiement trop longs ont eu raison de ce premier projet. La nourriture ultra transformée trop souvent servie aux résident·e·s a aussi beaucoup impacté sa décision « Je me suis dit : jusqu’à quand vais-je contribuer à tuer les aînés à petit feu? »
Des plats faits maison à la conquête de la grande distribution
Forte de ce déclic, et d’une mobilité retrouvée grâce à des soins traditionnels reçus au Cameroun, Lorraine reprend petit à petit le chemin des fourneaux. C’est comme ça qu’est née Les Saveurs de Lorraine en 2021. La mission de sa jeune pousse? Mieux nourrir les aîné·e·s en proposant aux résidences des plats maison de qualité, faits d’ingrédients biologiques et de viandes sans hormones.
Pour atteindre son objectif, Lorraine sait que la route sera longue : cibler son offre, définir ses prix, pénétrer le secteur de la distribution agroalimentaire et avoir le volume de ventes et les équipements nécessaires pour atteindre ce type d’établissements.
« J’ai choisi de me concentrer sur la tourtière à la viande et la quiche parce que ce sont des plats qui reviennent souvent au menu des résidences, et que les aînés adorent ça. En plus, ma tourtière m’avait déjà permis d’obtenir un bel article de Liliane Lacroix dans La Presse quand j’avais mon restaurant! », explique-t-elle.
Motivée, Lorraine monte son plan d’affaires à l’École des entrepreneurs du Québec et intègre l’incubateur du Carrefour de l’Industrie Bioalimentaire de l’Île de Montréal (CIBÎM). « Je suis en train d’apprendre les rouages de l’agroalimentaire. Là-bas, on me met en relation avec des gens du milieu. J’avance tranquillement, étape par étape », s’enthousiasme-t-elle.
Un prêt pour l’étiquetage nutritionnel
Bien qu’elle investisse toutes ses économies dans son entreprise, l’argent commençait à manquer quand Lorraine a dû réaliser les étiquettes nutritionnelles de ses premiers produits. Une étape indispensable à leur commercialisation. « Il fallait payer un nutritionniste, faire affaire avec une photographe et un graphiste », précise-t-elle.
C’est sur les recommandations d’une autre entrepreneure qu’elle demande un financement à Microcrédit Montréal pour avancer. « L’accompagnement de Microcrédit Montréal est très humain. Ils sont à l’écoute et ouvrent beaucoup de portes, ça donne confiance! Ils ont aussi financé mes kiosques au Salon international de la femme noire et dans d’autres évènements ou marchés publics. Je ne m’attendais vraiment pas à ça! Ç’a été un vrai coup de pouce », affirme-t-elle.
« L’accompagnement de Microcrédit Montréal est très humain. Ils sont à l’écoute et ouvrent beaucoup de portes, ça donne confiance! Ils ont aussi financé mes kiosques au Salon international de la femme noire et dans d’autres évènements ou marchés publics. Je ne m’attendais vraiment pas à ça! Ç’a été un vrai coup de pouce », affirme-t-elle.
La cuisine des Fêtes comme tremplin
Aujourd’hui, Lorraine sait qu’elle a les capacités pour réaliser son projet. Déménagée dans un local au 279 rue Sherbrooke Ouest, elle se concentre sur la production et la vente directe pour le temps des Fêtes : tourtières, menus complets, boîtes repas de cuisine africaine et plusieurs plats sans gluten ou des recettes FODMAP à destination des personnes atteintes du syndrome du côlon irritable. « Je ne peux pas distribuer en résidences tant que je n’ai pas une cuisine et un permis C1. D’ici là, je dois augmenter mes ventes et me diversifier pour amasser plus de fonds », analyse-t-elle.
Dans les prochaines semaines, vous pourrez retrouver Lorraine sur plusieurs marchés de Noël, notamment celui de la Place des Arts et du marché Atwater, ou lui passer directement commande par téléphone ou par courriel. Elle offre même des variantes de ses produits au tempeh pour les végétarien·ne·s!
Les Saveurs de Lorraine
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